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Случайный отрывок из текста: Райнер Мария Рильке. Истории о Господе Боге. История, рассказанная темноте
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— Я помню так мало из моего детства, — сказала Клара задумчиво, — словно я прожила уже тысячу жизней. Но сейчас, после ваших слов, мне кое-что припомнилось. Вечер. Вы неожиданно появились у нас: ваши родители куда-то ушли, может быть, в театр. У нас яркий свет. Отец ждет гостя, одного родственника, если я не путаю. Он должен был приехать из... впрочем, не помню, откуда, во всяком случае, издалека. Мы ждали его уже более двух часов. Двери были раскрыты, горели лампы, мама то и дело подходила к софе и разглаживала покрывало, отец стоял у окна. Никто не решался сесть, чтобы не сдвинуть со своего места стул. Тут пришли Вы и стали ждать с нами. Мы, дети, прислушивались у двери. И чем дальше, тем более чудесным представлялся нам гость. Мы ведь даже боялись, что он придет раньше, чем достигнет высшей степени великолепия, к которой он, пока отсутствовал, приближался с каждой минутой. Мы не боялись, что он мог не прийти совсем: мы были уверены, он вот-вот появится, но мы хотели дать ему время, чтобы он стал большим и могущественным. ... Полный текст
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Иллюстрации к сказкам:
В. Педерсен
Л, Фрюлих
Э. Дюлак
современные художники
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Le Montreur de Marionnettes
Sur le paquebot il y avait un homme d'un autre temps, au visage si radieux qu'à le
voir on pouvait croire qu'il s'agissait de l'homme le plus heureux de la Terre. C'est d'ailleurs lui-même
qui me l'avait dit. C'était un compatriote, un Danois comme moi, et il était directeur
de théâtre. Il promenait toute sa troupe avec lui, dans une petite caisse, car c'était
un marionnettiste. Déjà de nature gaie, il était devenu un homme totalement heureux,
disait-il, grâce à un jeune ingénieur. Je n'avais pas tout de suite compris ce qu'il
disait, et il me raconta donc son histoire. Et la voici pour vous.
- Cela se passait dans la ville de Slagelse, commença-t-il, j'y donnais
un spectacle à l'hôtel La Cour de la Poste. C'était une très belle
salle et il y avait un excellent public, composé d'enfants et d'adolescents, à part quelques
vieilles dames. Et tout à coup, entra un homme vêtu de noir, à l'allure d'étudiant,
qui s'assit, rit aux bons moments, applaudit quand il le fallait, bref, un spectateur peu ordinaire
! Il fallait que je sache qui c'était. J'appris qu'il s'agissait d'un jeune ingénieur
et qu'il était envoyé par l'École centrale pour faire des conférences à la
campagne. J'eus fini mon spectacle à huit heures. Vous le savez bien, les enfants doivent aller
au lit de bonne heure et le théâtre doit veiller à satisfaire le public. A neuf
heures, l'ingénieur commença sa conférence avec des expériences et, cette
fois-ci, j'étais dans le rôle du spectateur. Quel régal de l'écouter et de
l'observer ! La plupart du temps cela me paraissait de l'hébreu et pourtant je me disais : nous,
les hommes, sommes capables d'inventer beaucoup de choses, pourquoi alors ne trouvons-nous rien pour
rallonger la durée de notre vie ? Il ne présentait que de petits miracles mais il le faisait
si vite et avec tant de dextérité, et en respectant les règles de la nature. Au
temps de Moïse et des prophètes l'ingénieur aurait fait partie des sages du pays,
et, au Moyen Age il aurait été brûlé sur le bûcher. J'ai pensé à lui
pendant toute la nuit et lors de mon spectacle, le soir suivant, je n'ai été de bonne
humeur que lorsque j'ai vu que l'ingénieur était à nouveau là, dans la salle.
Un jour, un acteur m'avait dit que, lorsqu'il jouait le rôle d'un jeune premier, il pensait toujours à une
seule femme dans la salle et il jouait pour elle en oubliant les autres. Pour moi, ce soir-là,
l'ingénieur était « elle », la spectatrice pour laquelle je jouais. Lorsque
le spectacle fut terminé et que toutes les marionnettes eurent bien remercié leur public,
je fus invité par l'ingénieur chez lui pour boire un verre. Il me parla de ma comédie
et je lui parlai de sa science, et je pense que nous nous amusâmes aussi bien l'un que l'autre.
Mais moi, je posais tout de même plus de questions, car dans ses expériences il y avait
beaucoup de choses qu'il ne savait expliquer. Par exemple, le fer qui passe à travers une
sorte de spirale et se magnétise. Que devient-il ? Le morceau de fer est-il visité par
un esprit ? Mais d'où ce dernier vient-il ? C'est comme avec les hommes, me suis-je dit. Le bon
Dieu les fait passer par la spirale du temps où ils rencontrent un esprit et tout à coup
nous avons un Napoléon, un Luther et tant d'autres. « Le monde n'est qu'une longue suite
de miracles, acquiesça le jeune ingénieur, et nous y sommes si habitués qu'ils
ne nous étonnent même plus. » Et il parla et expliqua jusqu'à ce que j'eusse
l'impression de tout comprendre. Je lui avouai que si je n'étais pas si vieux, je m'inscrirais
immédiatement à l'École centrale pour comprendre le monde et cela bien que je fusse
l'un des hommes les plus heureux. « Un des plus heureux .... dit-il, comme s'il se délectait
de ces mots. Vous êtes heureux ? » demanda-t-il. « Oui, répondis-je, je
suis heureux et où que j'aille avec ma compagnie, je suis accueilli à bras ouverts. J'ai
néanmoins un grand souhait. C'est parfois comme un cauchemar et il trouble ma bonne humeur. Je
vais vous dire ce que c'est : je voudrais diriger une troupe d'acteurs vivants. » « Vous
souhaiteriez que vos marionnettes s'animent d'elles-mêmes, qu'elles deviennent des acteurs en
chair et en os, et vous voudriez être leur directeur ? demanda l'ingénieur. Et pensez-vous
que cela vous rendrait heureux ?» Il ne le pensait pas, mais je le pensais, et on en discuta alors
longtemps, sans jamais vraiment rapprocher nos idées, aucun de nous ne sachant convaincre l'autre.
Nous buvions du bon vin, mais il devait y avoir de la magie en lui, autrement cette histoire ne raconterait
que mon état d'ébriété. Non, je n'étais pas saoul, je voyais tout
très clairement. La chambre était inondée de soleil, le visage de l'ingénieur
s'y reflétait et je pensais aux dieux éternellement jeunes des temps anciens, lorsqu'il
y en avait encore. Je le lui dis aussitôt et il sourit. Croyez-moi, à cet instant j'aurais
juré qu'il était un dieu déguisé ou un de leurs proches. Et il dit aussi
que mon plus grand souhait allait se réaliser : les marionnettes s'animeraient et je serais le
directeur d'une vraie troupe d'acteurs vivants. Nous trinquâmes et il rangea toutes les marionnettes
dans la petite caisse, me l'attacha sur le dos et me fit passer à travers une spirale. Je
me vois encore tombant par terre. Et mon souhait se réalisa ! Toute ma troupe sortit de la petite
caisse. Toutes les marionnettes avaient été visitées par un esprit, toutes devinrent
d'excellents artistes, c'est en tout cas ce qu'elles pensaient, et j'étais leur directeur. Tout
fut immédiatement prêt pour le premier spectacle et tous les acteurs, et même les
spectateurs, voulurent me parler sans tarder. La ballerine prétendit que le théâtre
allait s'écrouler si elle n'arrivait pas à tenir sur une seule pointe. C'était
une très grande artiste et voulait qu'on agisse avec elle en conséquence. La marionnette
qui jouait l'impératrice exigea qu'on la considérât comme telle même en dehors
de la scène pour mieux entrer dans la peau de son personnage. L'acteur dont le rôle consistait à porter
une lettre sur la scène se sentit brusquement aussi important que le jeune premier car, selon
lui, dans une création artistique les petits rôles étaient aussi importants que
les grands. Là-dessus, le héros principal demanda que son rôle ne se compose que
de répliques de sortie, car elles étaient toujours suivies d'applaudissements. La princesse
voulut jouer uniquement à la lumière rouge et surtout pas la bleue, car la rouge lui allait
mieux au teint et moi, j'étais au centre de tout cela puisque j'étais leur directeur.
J'en eus le souffle coupé, je ne savais plus où donner de la tête, j'en étais
anéanti. Je me suis retrouvé avec une nouvelle espèce humaine et je souhaitais
les voir tous rentrer dans la boîte, et n'avoir jamais été leur directeur. Je leur
dis qu'en fait ils étaient tous des marionnettes, et ils me battirent à mort. J'étais
couché dans ma petite chambre, dans mon lit. Comment je m'y étais retrouvé ? L'ingénieur
devait le savoir ; moi, je ne le savais pas. Le plancher était éclairé par la
lune, la boîte des marionnettes était là, renversée, et toutes les marionnettes
en étaient tombées et gisaient au sol, les unes sur les autres. Je repris immédiatement
conscience, sortis de mon lit et jetai les marionnettes dans la boîte, n'importe comment, sans
ordre, jusqu'à la dernière. Je refermai le couvercle et m'assis sur la boîte. Vous
imaginez le tableau ? Moi, oui. «Vous resterez où vous êtes», ai-je dit, « et
je ne souhaiterai plus jamais que vous deveniez des acteurs en chair et en os !» « Cela
m'avait soulagé, ma bonne humeur était revenue, j'étais l'homme le plus heureux
de la terre. Si heureux que je m'endormis sur la boîte. Et le matin ... en fait il était
midi, je dormis plus longtemps que d'habitude ... j'y étais encore assis, heureux, car j'avais
compris que mon unique souhait d'autrefois était stupide. Je partis à la recherche de
l'ingénieur, mais il avait disparu, ainsi que les dieux grecs et romains. Et depuis lors, je
suis l'homme le plus heureux au monde. Je suis un directeur comblé, ma troupe ne me contredit
pas, les spectateurs non plus, ils s'amusent de bon cœur et moi, je compose mes pièces
librement et à ma guise. De toutes le comédies, je choisis la meilleure, selon mes goûts
et personne n'y trouve à redire. Les pièces que les grands théâtres actuels
méprisent, mais qui étaient, il y a trente ans, de grands succès et faisaient pleurer
tout le monde, je les joue aujourd'hui aux petits et aux grands. Elles font pleurer les petits comme
elles faisaient pleurer leurs pères et leurs mères il y a trente ans. J'ai au programme Jeanne
Montfaucon et Dyveke dans sa version courte, parce que les petits n'aiment pas les grandes
scènes d'amour. Ils veulent de la tragédie et bien vite, dès le début.
J'ai sillonné le Danemark en long et en large, je connais tout le monde et tout le monde me
connaît. Je suis en ce moment en route pour la Suède et si j'y ai du succès et
gagne suffisamment d'argent, je deviendrai Scandinave, sinon, non. Je vous le dis comme à un
compatriote. »Et moi, en tant que compatriote, je transmets le message.
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